En général, les personnes dont le travail consiste à diriger, organiser, planifier une structure et des équipes au quotidien ressentent eux-mêmes le besoin d’être soutenus et aidés. On a, en particulier, souvent besoin d’aide par rapport à la dimension de « l’échange » dans son travail. « L’échange est le phénomène qui se produit naturellement, lorsque on se relie directement aux autres, c.à.d., quand on rentre en communication avec les autres.
Souvent les professionnels ramènent à la maison tout un lot d’émotions qu’ils ont absorbées dans la journée. Et même pour ceux qui sont familiers des pratiques du « Lâcher prise », il peut rester un fond d’inconfort dont ils ne savent pas quoi faire. Bien sûr la pratique de la méditation Pleine Conscience aide beaucoup. En psychothérapie contemplative, on ajoute un travail appelé « Corps-Parole-Esprit » qui met tout spécialement l’accent sur « l’échange ».
Le but de cet atelier de groupe.
La pratique Corps-Parole-Esprit est une pratique de groupe, respectant des règles définies, qui vise à cultiver l’expérience de la communication sans jugement, bienveillante, l’amitié et l’empathie. Le terme amitié désigne dans ce contexte l’amitié envers soi-même et les autres. On appelle « échange » un partage direct et sens obstacle d’énergie ou d’expérience avec quelqu’un d’autre.
La pratique Corps-Parole-Esprit a pour but d’inviter dans la pièce une relation entre deux personnes- le plus souvent, une relation difficile- et lui permettre de se déployer dans une attention compassionnée. Cela inclut l’expérience de la personne qui présente (« le présentateur ») comme celle des autres personnes qui participent dans le groupe. Chaque personne est présentateur à son tour. Le thérapeute facilite et soutient le processus.
Le présentateur.
Le présentateur invoque la présence d’une personne (un client, collègue, membre de la famille, ou toute autre personne, qui n’est alors pas présente) en décrivant tout ce qu’il sait d’elle. Ainsi, la personne présentée prend vie. Le processus est assez comparable à une bonne description de roman donnant chair à un personnage. Le présentateur décrit très précisément la personne au niveau du corps, puis de la parole et enfin de l’esprit.
Il importe de décrire et non d’interpréter. Plus le présentateur est précis dans les détails, nuances et exemples qu’il apporte, plus la personne deviens vivante. Il n’est pas nécessaire d’inclure dans l présentation l’histoire et le curriculum vitae de la personne, à moins que cela ne soit essentiel pour la rendre présente.
Le facilitateur.
Le facilitateur a pour tâche principale de favoriser une atmosphère de bienveillance. Il prête attention :
• Au respect du temps prévu.
• Aux éventuels jugements véhiculés par la description.
Il intervient s’il estime nécessaire et apporte son soutien pendant la présentation.
Le comportement du groupe.
Pendant la présentation, les membre du groupe écoutent attentivement et prêtent également attention à leur propre processus interne. Quelles sont les sensations dans leur corps ? Quelles sont les pensées qui émergent ? A quels moments suis-je à l’aise ou mal à l’aise ? Mon intérêt est-il éveillé ou pas ? Où mes pensées me mènent-elles ?
A l’issue de la présentation, les membres du groupe partagent leur expérience, en s’expriment de manière descriptive. Il ne s’agit pas de donner son analyse ou son interprétation concernant la personne présentée ou la relation, mais d’offrir sa propre expérience, qui est celle de l’échange et peut donc révéler un aspect important de la relation présentée.
Bien que parfois cela ne soit pas facile, il est important d’accepter que tout ce qui surgit participe de l’échange. Cela veut dire que tout ce dont on fait l’expérience dans la pièce ou dans une situation donnée est, potentiellement, un reflet de la relation présentée. En examinent cela sans jugement au sein du groupe, nous apprenons à avoir confiance dans tout ce qui apparaît dans notre expérience. Comme tout ce qui émerge en chaque membre du groupe a de l’importance par rapport à la relation présentée, chacun est invité à ressentir ce qui est présent pour lui, moment après moment. Cela ne signifie pas solidifier l’expérience, mais suivre le processus ; ne pas s’attacher à ce qui est présent mais le laisser constamment se dissoudre. Le principe qui doit nous guider dans ce travail est celui du « toucher et lâcher prise », plutôt que l’analyse intellectuelle. Nous essayons également d’éviter de suivre notre impulsion à trouver des solutions pour régler les problèmes d’écrits, et de revenir encore et toujours à notre expérience du moment présent.