L’amour conscient. Les aspects subtils de l’esprit

Aimer l’autre, cela devrait vouloir dire que l’on admet qu’il puisse penser, sentir, agir de façon non conforme à nos propres désirs, à notre propre gratification, accepter qu’il vive conformément à son système de gratification personnel et non conformément au nôtre. Mais l’apprentissage culturel au cours des millénaires a tellement lié le sentiment amoureux à celui de possession, d’appropriation, de dépendance par rapport à l’image que nous nous faisons de l’autre, que celui qui se comporterait ainsi par rapport à l’autre serait en effet qualifié d’indifférent. (Henri Laborit, « Éloge de la fuite », Gallimard, 1985)

 

Belle définition de l’amour, pourrait-t-on dire, mais correspond-elle vraiment à ce que nous vivons, au quotidien, au niveau de nos relations affectives ? Qu’il s’agisse de notre couple, de notre famille ou de nos amis, nos relations se définissent tantôt par les sentiments et les émotions que nous éprouvons à l’égard de l’autre (l’amour, le respect), tantôt par l’échange et le partage qui s’installent au fil du temps (des centres d’intérêt communs, des objectifs qui coïncident etc.)

Nous ne vivons pas nos relations uniquement au niveau de notre ressenti, mais aussi (et surtout) dans la vie de tous les jours.

Elles se déroulent non seulement à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur, dans ce va-et-vient entre la vie personnelle et la vie professionnelle, dans cette réalité concrète, dans laquelle se manifestent les besoins, les désirs et aussi les peurs de l’un, comme de l’autre. Si nous ne sommes pas assez vigilants, nous risquons de tomber dans le piège de la dépendance affective, au lieu de nous épanouir au sein d’une relation saine et équilibrée.

 

Qu’est-ce que la dépendance affective ?

Il est nécessaire de préciser, d’emblée, que chacun d’entre nous est plus ou moins dépendant de l’autre, sans que cela soit pathologique. Tant que les besoins et les désirs sont clairement identifiés et énoncés, tant que les peurs sont dévoilées, d’un côté comme de l’autre, alors nous avons affaire à un échange authentique…où les protagonistes se soutiennent mutuellement, où ils construisent ensemble, tout en gardant leur individualité.

Les problèmes commencent à partir du moment où nous devenons persuadés que nous ne pouvons pas assouvir par nous-mêmes nos besoins ou désirs individuels.

A travers ma pratique professionnelle, j’ai remarqué que la dépendance relationnelle s’installe souvent chez les personnes qui ont une faible estime de soi. Qui n’ont pas confiance en leurs capacités et qui mettent en place, de façon plus ou moins consciente, des mécanismes de compensation de l’amour de soi afin de conserver l’amour de l’autre. Dans de nombreux cas, c’est la peur de l’abandon qui s’avère être la source de tous ces mécanismes.

La dévalorisation de soi est aussi un facteur qui conduit à la dépendance affective. Les personnes qui en souffrent ont peur de prendre les rênes de leurs vies, alors elles cherchent à être protégées, sécurisées et plongent dans des relations toxiques. Parfois, la prise de conscience, la rupture et la reconstruction peuvent être très difficiles.

 

Comment la méditation peut-elle nous aider ?

Sans reprendre les différentes techniques de méditation et les bienfaits que j’ai détaillé dans mes articles précédents, méditer signifie aussi prendre du temps pour soi.

Prendre le temps de s’observer, s’écouter, se connaître, soi-même et les autres puisque, comme nous l’avons déjà vu, la méditation renforce la bienveillance à la fois envers soi et envers les autres. Cette introspection nous rapproche de notre propre vérité que l’on pourra communiquer, ensuite, à l’autre, afin de construire une relation basée sur des sentiments et des actions authentiques et équilibrés.

La méditation nous aide à nous débarrasser des pensées négatives. Fussent-elles automatiques ou de longue date, bien enracinées dans notre esprit depuis l’enfance et à entraîner notre esprit en notre faveur. Si nous ne regardons pas ce qui nous habite, comment pourrions-nous savoir, en toute lucidité, quels sont nos besoins, nos désirs, nos capacités, voire notre chemin de vie ?

Méditer c’est aussi déceler le vrai du faux. D’abord en soi et ensuite autour de soi. C’est explorer nos émotions et nos pensées avec curiosité, bienveillance et lucidité, afin de nous (re)trouver nous-mêmes, tels que nous sommes et de vivre l’amour, tel qu’il est.

 

 

 

 

 

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Dominique FRAU